Arctic Monkeys, The Stargazer Lillies, Aoife Nessa Frances… on retient quoi, en octobre 2022 ?

Mois chargé de 2022, a-ton atteint le pic ? C’est possible. Période charnière de l’année, beaucoup de sorties de qualité à se mettre sous la dent. Avant que la vague redescende très certainement désormais. Au programme ? Des têtes qu’on ne présente plus, comme les acharnés King Gizzard, ou les fameux Arctic Monkeys, qui auront pris leur temps (spoiler : et ça valait le coup d’attendre). Pour le reste, des chouchous plus méconnus, qui ont bien décidé à marquer 2022 de leur empreinte, dans différents registres. Bonne écoute.

The Car – Arctic Monkeys

Qu’attendre d’un groupe qui a déjà traversé toutes les étapes d’une carrière ? Le succès fulgurant, la panthéonisation indie, le désamour, l’explosion mainstream. Les Arctic Monkeys ont déjà coché toutes les cases, à travers une discographie insolente, marqué par un maître mot : le renouvellement. Après un Tranquility Base Hotel + Casino qui aura causé moult tumultes auprès d’une fanbe attendant fébrilement un AM 2, le groupe revient avec The Car. Un nouveau disque finalement éloigné de son prédécesseur, qui gardera surtout ce chant turnerien plus élaboré que jamais. Aurevoir le concept album, dites cette fois-ci bonjour aux compositions soul, pop, funk, baroques, guidées par des cordes en ligne directrice. Tant d’ornements autour de l’oeuvre la plus cinématographique, mais surtout la plus vulnérable et touchante d’un groupe qui ne cessera jamais de nous émerveiller.

Changes – King Gizzard & The Lizard Wizard

« Va-t-il mettre les 3 sorties du mois d’octobre de King Gizzard dans son récap mensuel, ce gros forceur ?« . Eh non. Mais ça aurait pu. Si les jams totalement allumées de Ice, Death, Planets, Lungs, Mushrooms and Lava avaient bien leur place ici tant elles nous ramènent à la source de ce qui rend ce groupe si génial, son successeur en a décidé autrement. Changes, album revendiqué comme le plus travaillé par les Australiens ces dernières années, tient finalement toutes ses promesses. Quelques part entre les percées jazz d’un Sketches ou les touches synthétiques d’un Butterfly 3000, le disque range quasiment les guitares en fusion pour un son plus ample, plus joueur, tournant davantage autour des expérimentations instrumentales et électroniques, tout en restant suffisament cohérent et percutant. Un véritable air frais addictif dans une discographique bien tassée, mais qui commençait à mouliner dans le vide.

Cosmic Tidal Wave – The Stargazer Lillies

2013, My Bloody Valentine venait de bénir la décennie 2010 avec un retour improbable, MBV. Un album imprévisible, grandiose, colossal. S’en est suivie une tripotée de retours d’entre les morts : Slowdive, Lush, The Jesus & Mary Chain, Ride, entre autres. Et puis les petits nouveaux, ceux qui ont baigné dans les archives pour relancer la mode shoegaze. Mais aujourd’hui, que reste-t-il de cette mouvance ? Eh ben plus grand chose. Le revival s’est recouché. Sauf du côté de The Stargazer Lillies qui, comme la bande à Kevin Shields, est bien décidée à rester imperméable aux époques et aux tendances pour poursuivre sa mission : articuler un shoegaze mutant, conservant un équilibre parfait entre rouleau compresseur de textures et beautés harmoniques. Un nouveau coup de génie, malgré une pochette douteuse, après le tout aussi fantastique Occabot sorti en 2019. Immanquable pour les amateurs du genre.

The Organic Band – Babe Rainbow

Depuis leur coup de maître en 2019 avec l’album Today bourré en vitamine D, qu’est devenue Babe Rainbow depuis ? Pas ce que l’on espérait. Pourtant, les Australiens n’ont pas disparu, enchaînant avec Changing Colours, peinant malheureusement à retrouver cette énergie et cette efficacité malgré quelques titres bien sentis. C’est donc en cette fin d’année que les acolytes de King Gizzard retentent le coup avec The Organic Album. Définitivement un album beaucoup plus communicatif, plus riche, où l’on retrouve les rythmiques percutantes qui ont fait le force du groupe, ainsi qu’une production soignée. Babe Rainbow continue son évolution, conservant ses escapades surf et psych rock, en poussant encore un peu plus loin le format pop et les compositions aérées, comme le formidable final « Sunshine and Shadow ».

Protector – Aoife Nessa Frances

En 2020, année de naissance de Sonne Qui Peut, débarquait le tout premier album de Aoife Nessa Frances, Land of No Junction. On y trouvait, déjà alors, les traces d’une grande artiste en devenir. Un timbre marqué planqué derrière des compositions folk enfumées prenant aux tripes. Une des belles surprises de ce tout début d’année là, qui ne pouvait qu’être suivie par une confirmation par la suite. Le temps de faire un peu plus son trou dans le paysage musical indé, l’Irlandaise revient avec Protector et continue son ascension en signant chez Partisan Records. Toujours empreint de cette nostalgie et cette atmosphère envoûtante, l’univers de la chanteuse prend ici une nouvelle ampleur. Des cuivres, de la harpe, des claviers, un chant prenant plus que jamais aux tripes, et surtout des titres, qui viennent tutoyer le meilleur d’une Angel Olsen.

Et comme toujours, tout et plus encore à retrouver dans la playlist Spotify de Sonne Qui Peut