Mais qui peut stopper l’ascension indie pop de Royel Otis ?

Les amours déchus, les gueules de bois et l’anxiété du quotidien viennent de trouver un nouvel échappatoire chez Royel Otis. Le duo australien sort PRATTS & PAIN, premier album catchy aux hymnes indie invitant au lâcher prise.

Il y a quelque chose d’assez touchant à réécouter les premiers émois musicaux d’un artiste. Le point de départ, assez hasardeux, où tout a commencé. Il faut simplement retourner en 2021 pour retrouver les premiers enregistrements de Royel Otis, duo de jeunes australiens composé de Royel Maddel et Otis Pavlovic. Sur l’EP Campus, des airs de Passion Pit, le fantôme de Foster the People, ou les éternelles flagrances de MGMT. Mais rien ne semble clairement définir la patte d’un groupe prêt à changer de dimension.

L’effet capsule temporelle semble désormais d’autant plus flagrant, en relançant pour la énième fois le premier album fraichement sorti des de nos deux protagonistes, PRATTS & PAIN, dont la signature sonore semble si affirmée. Stop heading for the door, nous implore de sa voix juvénile Otis, sur l’un des points culminants de ce premier disque enregistré à Londres, entre les mains de Dan Carey. Pas de risque, tous les ingrédients sont là et désormais sous la houlette du maître de Speedy Wunderground. Mais le diamant brut était déjà présent depuis leur tout premier tour de force, Oyster in My Pocket, affolant les compteurs et définissant les contours de l’identité rafraichissante des Australiens : le charme de l’innocence post-adolescente façonné autour d’hymnes indie-pop invitant à danser sur les affres du quotidien.

C’est ce que Royel Otis n’a cessé de faire évoluer dans un sillage musical, certes sans révolution majeure, mais bien marqué. Qu’il s’agisse de chanter sur des mélodies obsédantes le besoin d’avancer à son propre rythme (Sofa King), de profiter de l’instant présent (Going Kokomo) ou des premiers crush intimidants (I Wanna Dance with You), les portes d’entrées sont thématiquement légion chez le duo de Sydney pour les kids en quête de nouveaux héros. Le tout bien aidé par un talent majeur pour les compositions tubesques qui tombent par fournées depuis l’EP Sofa Kings l’an dernier. Une trajectoire fulgurante et presque parfaite, quand on sait que le duo a par ailleurs capitalisé sur le buzz tout frais de sa reprise de Murder on the Dancefloor de Sophie Ellis-Bextor chez triple j, quelques semaines avant la sortie de l’album.

Cette sortie est bien plus qu’une nouvelle collection de catchy songs, c’est aussi la confirmation que Royel Otis est capable de prendre de l’épaisseur en proposant plus qu’un album playlistable. Comme en atteste le velvetien et aérien Molly qui vient ralentir la cadence à hits, où le bluesy et étonnant Big Ciggie en touche finale. C’est sur les tables du pub londonien PRATTS & PAIN que les deux mates ont écrit cet album, et c’est sur les scènes de festivals qu’il prendra véritablement vie, lorsque la jeunesse des quatre coins du monde pourra enfin hurler qu’elle a trop bu au rythme de Fried Rice, ou chanter faux en falsetto ses relations bancales sur Daisy Chain. Dépêchez-vous, le train Royel Otis n’attend pas.

PRATTS & PAIN – Royel Otis (16 février 2024)