




Qui dit mois d’août dit fin d’été, un été remplit (à nouveau) de festivals et donc de musique live. Mais un été bien calme en sorties, comme pour nos amis cinéphiles ? Pas vraiment. On trouve largement de quoi se rassasier de semaine en semaine. À la fois côté hip-hop, avec l’inattendu retour à ses premiers amours de Danger Mouse en collaboration avec Black Thought, ou la première sortie très convaincante sous son propre nom du producteur reconnu Kenny Beats. Côté pop planante et psychédélique, ça se passe du côté de l’habituel duo Panda Bear et Sonic Boom, tandis qu’on retrouve Rosalyn parmi les nouveaux venus de Thaïlande. Enfin, côté post-punk c’est la nouvelle signature de Dan Carey, The Lounge Society, qui fait son petit effet.
Cheat Codes – Danger Mouse & Black Thought
Certaines collaborations apparaissent d’emblée comme contre-nature. D’autres, sur le papier prometteuses, sonnent comme un coup d’épée dans l’eau. Et puis il y a Danger Mouse et Black Thought. Une alchimie évidente, pour un projet commun qu’on aurait pensé voir surgir quinze ans plus tôt. Le producteur et artistes multi casquettes qu’on ne présente plus, Danger Mouse, et la figure des classiques The Roots, Black Thought, viennent d’accoucher de Cheat Codes. Un classique instantané baignant dans un hip hop vieille école bourré de samples fabuleux et de bars signés par un casting cinq étoiles (Raekwon, MF Doom, Joey Bada$$, A$AP Rocky…).
Reset – Panda Bear & Sonic Boom
Un autre album collaboratif, entre deux vieux amis dont l’amour de l’expérimentation sonore en fait également une entente évidente. Déjà producteur de Tomboy (2011) et Panda Bear Meets The Grim Reaper (2015) de Panda Bear, Sonic Boom s’associe pour de bon avec son vieux copain tout juste sorti des Animal Collective pour sortir Reset. Une très belle escapade psychédélique à mi-chemin entre les bidouillages soniques de Peter Kember en solo et le goût pour le sampling et les sorties vocales beachboysiennes de Panda Bear déjà éprouvées sur ses précédents travaux.
LOUIE – Kenny Beats
A quoi ressemble l’album d’un producteur-musicien-compositeur capable de travailler aussi bien avec Denzel Curry que Idles ? De déconner en studio avec Mac DeMarco puis de se retrouver sur un album de Vince Staples ? Difficile à dire. Kenny Beats aime brouiller les pistes et s’est forgé un carnet d’adresses plus qu’impressionnant au fil de ses collaborations. Premier album du beatmaker, LOUIE est un premier voyage hautement personnel, dédié à son père, sur lequel les samples soul et les instruments enregistrés live s’enchaînent avec fluidité, tandis que les guests entrent ça et là pour de courtes apparitions bien senties. Pas de démonstration de force ici, donc, mais une parenthèse réconfortante et inattendue entre hip hop, funk, jazz et psychédélisme.
Skin – Rosalyn
Prenez les sorties de route aériennes de Crumb, rajoutez les à la pop psychédélique de The Undercover Dream Lovers, et vous tomberez peut-être sur Skin, le tout premier album de la formation thaïlandaise Rosalyn. Usant comme beaucoup de groupes de son temps libre période Covid, Rosalyn débarque plus prêt que jamais à faire le bilan en 2022 sur cette période passée. On trouve sur ce Skin des compositions bedroom pop down tempo cotonneuses et remarquablement produites, porté par un doux falsetto aux paroles nostalgiques. Mentions pour les singles clippés « Spin » et « 20:37 » qu’on peine à s’enlever de la tête.
Tired of Liberty – The Lounge Society
The Lounge Society surgissait à nos oreilles avec vacarme en 2021 avec Silk For The Starving, un premier EP quatre titres bourré de rage qui nous préparait à l’avénement d’un nouveau groupe sur qui on allait pouvoir compter. Et à priori, on ne s’y trompe toujours pas, alors que le tout premier album, Tired of Liberty, pointe le bout de son nez fin août. Signés chez Speedy Wunderground de ce cher Dan Carey, nos jeunes Anglais reprennent cette véhémence post-punk proche de ses contemporains, comme sur le rouleau compresseur « Remains ». Mais la formation prend ici davantage de recul cette fois, avec plus d’expérimentations instrumentales, des moments plus indie pop (« North Is Your Heart », « Upheaval ») et des rythmes toujours aussi instables.